Thursday, June 25, 2020

Covid-19: la baisse de l'épidémie marque-t-elle le pas en France? - Libération

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Question posée par Potherat le 24/06/2020

Bonjour,

La France entamera lundi sa 8e semaine depuis son déconfinement le 11 mai. Or, si les indicateurs de suivi de l’épidémie de Covid-19 n’ont cessé d’être orientés à la baisse depuis cette date, ils traduisent depuis quelques jours une certaine stagnation, voire un très léger regain de la circulation du virus.

Premier indicateur à relever un peu la tête, parmi les nouveaux outils mis en place par le gouvernement pour surveiller l’épidémie au plus près : le taux d’incidence en semaine glissante, c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas positifs, sur sept jours, pour 100 000 habitants.

Depuis un mois, cet indicateur (ligne bleue) connaît, avec quelques soubresauts, une diminution régulière : on est ainsi passé de 9 nouveaux cas de Covid-19 pour 100 000 habitants sur la semaine du 13 au 20 mai, à 4,2 pour la semaine du 9 au 15 juin. Soit une division par deux sur cette période.

Mais depuis six jours, ce mouvement de baisse montre des signes d’enrayement, et le nombre de cas – très timidement – repart à la hausse, puisqu’il est désormais de 4,9 pour 100 000 habitants pour la semaine du 15 au 21 juin, dernières dates disponibles au moment où nous écrivons ces lignes.

La première explication tient à la situation de la Guyane, où l’épidémie est en forte progression.

Dans ce territoire d’outre-mer, le taux d’incidence est désormais de 305,5 pour la dernière semaine connue (du 15 au 21 juin). Or, ces données assez inquiétantes sont intégrées dans les chiffres globaux concernant la France, et ont une influence sur la remontée de cet indicateur pour l’ensemble du pays.

En se concentrant sur la seule métropole (ligne rouge ci-dessous), le taux d’incidence est non seulement moins important, mais sa progression ces derniers jours est également plus faible, passant de 3,3 à 3,5 seulement.

Reste que là aussi, la baisse des contaminations, plus ou moins continue depuis un mois, semble marquer légèrement le pas. Tout en restant à un niveau assez bas, avec 400 à 500 nouvelles infections par jour sur l’ensemble de la France, et le plus souvent, en métropole, dans le cadre de clusters maîtrisés.

S’il est évidemment impossible d’en tirer des conclusions définitives, il semblerait toutefois que la France ait atteint un plancher plus ou moins stable, comme une grande partie de l’Europe. «On observe cette situation un peu partout sur le continent, avec quelques pays comme la Suisse, l’Italie et l’Espagne, qui ont réussi à réduire encore un peu plus leur nombre de contaminations, explique l’épidémiologiste Antoine Flahault, de l’université de Genève. La France pourrait descendre encore plus bas, autour de 100 contaminations par jour, mais il y a de fortes chances que le virus se maintienne tout l’été, avec plusieurs petits clusters disséminés sur le territoire».

Ce maintien du virus à un bas niveau, s’il se confirme, validerait alors l’hypothèse d’un effet climat (chaleur et hygrométrie) sur le Sars-CoV-2. Un phénomène qui, ajouté au maintien de certains gestes barrières, notamment dans les transports, expliquerait le ralentissement de la course du virus auquel on assiste, malgré le déconfinement, mais sans pour autant la stopper totalement.

Pourquoi cette saisonnalité ne suffit-elle pas à faire totalement disparaître le virus cet été? «Des études suggèrent que, dans le meilleur des cas, on pourrait assister à une diminution du taux de transmission de Sars-CoV-2 de l’ordre de 40% à 50%, ce qui représente un atout pour les autorités sanitaires dans le contrôle du virus, explique Simon Cauchemez, épidémiologiste à l’Institut Pasteur. Mais sans mesure de contrôle de la transmission, cet effet ne serait pas en soit suffisant pour éviter une reprise de l’épidémie, puisqu’il ferait passer le nombre de reproduction R (nombre moyen de personnes contaminées par une personne infectée) de 3 à 1,5-1,8. Or tant que R est supérieur à 1, une reprise est possible. Il nous faut donc continuer à rester vigilant cet été.»

D’autant que la piste d’un freinage saisonnier laisse planer le risque d’un effet boomerang cet hiver. C’est même le scénario retenu par le conseil scientifique, chargé de conseiller le gouvernement sur le Covid-19. Dans son dernier avis du 21 juin, ses membres expliquaient ainsi : «La circulation encore très importante du virus à l’échelle planétaire, et notamment dans l’hémisphère sud qui aborde sa période hivernale ; et l’expérience des pandémies grippales qui se sont déroulées en deux ou trois vagues avant d’adopter un rythme saisonnier, suggèrent qu’une intensification de la circulation du Sars-CoV-2 dans l’hémisphère nord à une échéance plus ou moins lointaine (quelques mois, et notamment à l’approche de l’hiver) est extrêmement probable.»

Dans cette perspective, la circulation à bas bruit du virus cet été agirait comme un «ensemencement» du territoire, avant un «réveil qui pourrait être beaucoup plus homogène en cas de deuxième vague», prévient Antoine Flahault.

Luc Peillon


June 25, 2020 at 06:13PM
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